RESUME :
Les petites îles servent de refuges à de nombreuses espèces protégées et menacées en Méditerranée. Le Parc National de Zembra, situé au Nord du Golfe de Tunis, est en cela remarquable puisqu’il abrite la plus importante colonie de Puffin cendré (Calonectris diomedea) de Méditerranée, et qu’une colonie de Puffins de Méditerranée (Puffinus yelkouan) a été récemment signalée comme nicheuse (première confirmation de colonie nicheuse de cette espèce en Afrique du Nord) sur l’île de Zembretta. Ces deux espèces d’oiseaux marins de la famille de l’Albatros sont endémiques de Méditerranée. Protégée depuis 1975 par le gouvernement tunisien, réserve de biosphère de l’UNESCO, la richesse biologique des îles de Zembra et de Zembretta se trouve pourtant confrontées à certaines menaces, notamment par la présence d’espèces invasives comme le rat noir.
Les invasions biologiques sont considérées comme l’une des trois principales causes de perte de biodiversité à l’échelle mondiale. Elles sont à l’origine de plus de 80 % des extinctions d’espèces de vertébrés intervenues depuis 1500. Sur Zembretta, la présence de rat noir a un impact négatif sur la faune et la flore, perturbant notamment la reproduction du Puffin de Méditerranée et impacte perceptiblement la végétation locale.
C’est pourquoi, l’Agence de Protection et d’Aménagement du Littoral, en partenariat avec le Conservatoire du littoral et l’initiative pour les Petites Iles de Méditerranée, a décidé de réaliser une campagne de dératisation de l’île. C’est une première pour l’Afrique du Nord.
Trois missions préalables ont été réalisées en 2007, 2008 et 2009 par l’initiative PIM afin de mettre en place les préparatifs nécessaires à cette importante action et de réaliser les inventaires naturalistes qui permettront de suivre ensuite l’impact de la dératisation sur l’écosystème, à court, moyen et long terme.
La campagne s’est déroulée du 25 septembre au 16 novembre 2009, dans le but de servir de modèle à de futures actions du même type dans le reste de la Méditerranée. Il a été décidé de suivre le protocole mis en place par l’INRA (Institut National de Recherche Agronomique de Rennes, France) alliant piégeage mécanique et piégeage chimique afin de limiter l’utilisation de substances toxiques.
