Etude biologique des populations de Patella ferruginea de l’archipel de Zembra
Auteurs : Free Espinosa & Hocein Bazairi
Année : Octobre 2009
Ile : Zembra
Pays : Tunisie
INTRODUCTION :
L’Arapède géante Patella ferruginea Gmelin, 1971 est considérée actuellement comme l’invertébré marin le plus menacé du littoral rocheux ouest-méditerranéen, dont elle est endémique (Laborel-Deguen et al., 1991a ; Ramos, 1998). Ce mollusque est l’unique invertébré marin des côtes européennes retenu par la Directive Habitat de l’Union Européenne (Directive 92/43/CEE Du Conseil du 21 mai 1992 concernant la conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages) en tant qu’espèce en danger d’extinction (Annexe IV : espèces animales et végétales présentant un intérêt communautaire et nécessitant une protection stricte). Son abondance dans des gisements paléolithiques et néolithiques indiquent qu’autrefois la distribution de l’espèce englobait certainement une grande partie de la Méditerranée Occidentale : côtes ouest de l’Italie, Méditerranée française, Péninsule Ibérique, Maroc, Algérie, Tunisie et les îles de la Méditerranée Occidentale (Caton-Thompson, 1946 ; Laborel-Deguen & Laborel, 1991a). Aujourd’hui, probablement en rapport avec les activités anthropiques (Aversano, 1986 ; Guerra-García et al., 2004a), P. ferruginea est devenue très rare et sa distribution est réduite à quelques localités de la Méditerranée occidentale (Fischer-Piette, 1959 ; Laborel-Deguen & Laborel, 1991a ; Cretella et al., 1994 ; Templado et al., 2004) (Fig. 1).
Sur les côtes méditerranéennes d’Afrique, les populations les mieux maintenues de l’espèce se rencontrent à Sebta (Guerra-García et al., 2004a ; Espinosa et al., 2009a), à Cabo Negro et Jebha (obs. pers.), au Parc National d’Al Hoceima et au Cap des Trois fourches (Bazairi et al. 2004), à Melilla et les Îles Chafarines (obs. per. ; Templado et al., 2004 ; Guallart et al., 2006), sur l’île Rachgoun (Frenkiel, 1975) et les îles Habibas en Algérie (Boumaza & Semroud, 2001 ; Espinosa, 2009) et au Cap Bon (Espinosa, 2006) et sur l’île de Zembra (Boudouresque & Laborel-Deguen, 1986) en Tunisie. En Europe, l’espèce est connue principalement des côtes occidentales de la Corse (Laborel-Deguen & Laborel, 1991a, b), le nord de la Sardaigne (Porcheddu & Milella, 1991 ; Doneddu & Manunza, 1992) et sur l’île de Pantelleria (Giaccone et al., 1973) dans le canal de Sicile. Sur les côtes continentales françaises, l’espèce semble avoir disparu (Laborel-Deguen & Laborel, 1991a) ; aucune signalisation n’y a été faite après celle de Picard en 1954 (com. pers. in Laborel-Deguen & Laborel, 1991a).