Impacts environnementaux et caractéristiques socio-économiques de la pêche récréative au Parc Naturel du Cap de Creus
Auteurs : Toni Font & Josep Lloret
Année : Decembre 2010
Ile :
Pays : Espagne
INTRODUCTION :
La pêche récréative est une des activités de loisir les plus pratiquées dans les zones côtières du monde entier, ce qui implique un grand nombre de personnes et, par conséquent, un effort de pêche élevé (Cowx, 2002; Pitcher et Hollingworth, 2002; Westera et al., 2003). La pêche commerciale et celle récréative peuvent avoir des effets écologiques similaires sur les populations de poissons (McPhee et al., 2002; Coleman et al., 2004; Cooke et Cowx, 2004, 2006; Lewin et al., 2006). Les impacts se produisent tant sur des espèces exploitées que sur les écosystèmes aquatiques. Les causes ayant conduit à la situation actuelle des pêcheries globales sont assez semblables entre les secteurs de pêche commerciale et ceux de pêche récréative (Lewin et al, 2006; Cooke et Cowx, 2006). Cependant, les pêcheries marines récréatives ne sont ni contrôlées ni étudiées avec la même intensité que celles commerciales. Malgré cela, étant donné que la préoccupation au sujet de la surpêche s’est accrue au cours des dernières années, on donne chaque fois de plus en plus d’importance à l’étude de l’impact de la pêche récréative sur les ressources marines (voir par exemple National Research Council, 1999, 2006; Lucy et Studholme, 2002; Coleman et al., 2004). Ce fait entraîne le besoin de réaliser de nouvelles études en employant de nouvelles techniques d’échantillon, différentes de celles utilisées pour échantillonner les pêcheries commerciales (Pitcher et Hollingworth, 2002; National Research Council, 2006).
En mer Méditerranée, la pêche récréative est particulièrement importante, puisqu’elle représente plus de 10% de la production totale des pêcheries (EU, 2004). Malgré son importance, peu d’études, concernant la Méditerranée, lui sont consacrées (voir Coll et al., 1999, 2004; Morales-Nin et al., 2004, 2005). L’impact de ce type de pêche sur la faune côtière peut être assez considérable dans des aires protégées (MPAs), où le nombre de visiteurs pêchant par loisir a augmenté (Cooke et al., 2006).
Le Parc Natural du Cap de Creus, créé en 1998 et géré par le Département d’Environnement de la Generalitat de Catalogne, se situe au Nord-ouest de la mer Méditerranée et au Sud-ouest du Golfe du Lion. Le Parc comprend une partie de la côte rocheuse des Pyrénées orientales de Catalogne. Le Parc possède 3056 ha de mer, près de 10000 ha de terre, et inclut 4 municipalités littorales (Roses, Cadaqués, El Port de la Selva et Llançà) et 4 municipalités intérieures. Le climat est caractérisé par la présence d’un vent sec et froid, dénommé la Tramontane, qui provoque le mélange et l’enrichissement des eaux dans le Golfe du Lion. Les conditions océanographiques se trouvent très influencées par la présence du courant du nord ou le courant Liguro-provençal, qui apporte des nutriments du Rhône.
En Catalogne, il est obligatoire d’avoir une licence de pêche récréative pour pouvoir pêcher. De plus, la législation en vigueur limite tant l’effort de pêche (nombre d’appareils) que la capture quotidienne, et stipule des tailles minimales et des époques d’interdiction de certaines espèces. En plus, dans la législation en vigueur, il est interdit pour les pêcheurs sportifs d’utiliser des appareils professionnels, comme les filets maillants et la palangre, et seulement un nombre déterminé d’espèces peuvent être capturées: poissons, céphalopodes et oursins. Il y a aussi des restrictions spécifiques pour pêcher au Parc Naturel du Cap de Creus, où la pêche sous-marine (avec fusil ou harpon) est interdite dans les réserves naturelles partielles. En plus, toutes les activités, à l’exception de celles réalisées à des fins scientifiques, sont défendues dans l’entièreté de la réserve. Pourtant, ces normes ne sont pas toujours respectées. Dans d’autres endroits, on a pu observer que les normes conçues pour éviter la surexploitation peuvent échouer (Post et al., 2003).
Les études que nous avons menées à bien sur la pêche récréative au Parc Naturel du Cap de Creus ont permis de recueillir des informations sur les différentes méthodes relatives à cette activité et sur leurs variantes, tout au long des années suivantes: en 2006 et 2009, pêche depuis une embarcation; en 2007, pêche sous-marine; et en 2007 et 2009, pêche depuis les rochers. Ces études ont comme objectif de déterminer l’impact biologique et l’importance économique et sociale de la pêche récréative dans cette zone marine protégée. Toutes celles-ci ont été menées par l’Université de Gérone. Les études de pêche depuis une embarcation et de pêche sous-marine ont été financées par le projet européen MEDPAN (Interreg IIIC), tandis que celle de pêche depuis les rochers a été financée par le Parc Naturel du Cap de Creus. Les résultats fournissent des informations sur une grande variété de thèmes d’intérêt pour les gérants de l’aire marine protégée, puisqu’ils rendent compte des impacts socio-économiques et environnementaux de la pêche récréative dans le Parc. Tout cela peut être utilisé pour évaluer la pression de la pêche récréative sur les ressources marines du Parc, ainsi que pour déterminer la contribution économique des pêcheurs dans les municipalités de ce dernier. Ainsi, les résultats prétendent contribuer à la connaissance de la pression actuelle que la pêche récréative a sur les ressources de pêche côtière du Cap de Creus, et, en même temps, donner des informations sur les aspects socio-économiques liés à cette activité de loisir (Gartside et al., 1999, Sutinen et Johnston, 2003, Coleman et al., 2004).
Ce rapport résume les principaux résultats de toutes ces études réalisées depuis 2006. Pour une information plus détaillée, il faut recourir aux rapports que le Parc Naturel du Cap de Creus a à sa disposition et aux articles publiés dans des revues internationales comme, par exemple, Fisheries Research (voir par exemple Lloret et al. 2008a,b).