Le nouveau programme de formation à destination des gestionnaires d’espaces naturels en Méditerranée a été inauguré la semaine dernière au sein de l’Aire marine protégée (AMP) de Capo Carbonara, en Sardaigne (Italie). Organisée par le Consortium Méditerranéen pour la Biodiversité, cette session de quatre jours, tenue du 10 au 14 novembre à Villasimius, s’inscrit pleinement dans la continuité des actions de conservation et de restauration déjà engagées sur le terrain dans le cadre du projet RESCOM.

Former aux techniques de suivi de la biodiversité pour mieux protéger les écosystèmes marins

L’objectif de cette formation était de transmettre aux gestionnaires de nouvelles méthodes de suivi de la biodiversité sous-marine, et plus spécifiquement les bases de la photogrammétrie appliquée aux coraux et aux habitats coralligènes. Cette technique, fondée sur la prise de photographies sous-marines, permet ensuite d’obtenir des modèles 3D précis des fonds marins pour en assurer un suivi régulier et rigoureux. Ces données sont essentielles pour détecter les évolutions des habitats, anticiper les impacts du changement climatique et améliorer les stratégies de gestion.

La première journée a été consacrée à l’enseignement théorique dispensé par les experts de Septentrion Environnement et de l’Université de Sassari (Fabio Menna). Le lendemain, l’équipe de gestionnaires de l’AMP — administrée par la commune de Villasimius — a pu mettre en pratique ces connaissances lors de deux plongées autour de l’île de Cavoli.

Les séances de travail en salle en fin de semaine ont permis d’approfondir l’analyse des clichés et de se familiariser avec un logiciel professionnel de photogrammétrie. Ces compétences seront également mobilisées pour le suivi des herbiers de Posidonie restaurés cet été dans l’AMP, un chantier mené dans le cadre du projet RESCOM, avec le soutien de la fondation MEDSEA.

Une restauration écologique d’envergure : 230 m² d’herbiers de Posidonie replantés

Depuis juillet 2025, les équipes de l’AMP ont entrepris la restauration de 230 m² d’herbiers de Posidonie, un habitat clé mais fragilisé par des décennies d’impacts humains, et notamment par des chalutiers qui ont autrefois pêché dans l’AMP. La technique utilisée consiste à récupérer les racines de cette plante, naturellement arrachées par des intempéries, pour les replanter dans les zones dégradées.

Cette opération vise à restaurer les fonctions écologiques essentielles de l’herbier : refuge et nurserie pour de nombreuses espèces marines, stabilisation des fonds sableux protégeant le littoral contre l’érosion, oxygénation de l’eau et séquestration durable du carbone — un rôle crucial pour la lutte contre le changement climatique.

Pour renforcer cette action, de nouvelles bouées d’amarrage écologiques seront prochainement installées, afin d’encourager les plaisanciers à éviter l’ancrage sur les herbiers, l’une des principales causes de dégradation.

Une approche multi-écosystèmes pour renforcer la résilience des îles de Cavoli et Serpentara

Fidèle à l’approche intégrée du projet RESCOM, les actions menées ne se limitent pas au milieu marin. Les efforts de conservation concernent également les milieux terrestres des îles de Cavoli et de Serpentara, véritables refuges pour plusieurs espèces d’oiseaux marins et de reptiles.

Des suivis ornithologiques et herpétologiques réguliers sont assurés pour évaluer l’état de santé des populations de puffins de Scopoli, puffins yelkouan qui viennent s’y reproduire, et des populations de reptiles à l’instar du Lézard thyrénien (Podarcis tiliguerta). En parallèle, un programme de conservation des plantes endémiques des deux îles et identifiées comme étant les plus menacées, a été lancé par les équipes botaniques du Centre pour la Conservation de la Biodiversité de l’Université de Cagliari (UNICA-CCB). Il a déjà permis la collecte et le stockage de graines issues des plantes sélectionnées, étape indispensable pour planifier d’éventuelles translocations si certaines de ces populations venaient à disparaître.

Renforcer les collaborations pour faire émerger des solutions d’adaptation au changement climatique

Le déplacement en novembre de représentantes de la Tour du Valat, en tant que coordinatrice du projet, et d’Initiative PIM, membres du Consortium méditerranéen pour la Biodiversité, a été l’occasion d’échanger avec les gestionnaires de l’AMP sur les perspectives de renforcement des actions initiées.

Dans ce site exceptionnel, la diversité des habitats et la qualité paysagère offrent un contexte idéal pour développer et tester des solutions innovantes d’adaptation au changement climatique, en lien étroit avec les acteurs locaux.

Un grand merci à l’ensemble de l’équipe de gestion de l’AMP de Capo Carbonara pour son enthousiasme et son accueil chaleureux, ainsi qu’aux formateurs pour la richesse des échanges et de leur enseignement. Une semaine dense, constructive et prometteuse pour alimenter les réflexions engagées sur l’adaptation de la gestion des sites naturels méditerranéens au changement climatique, engagées dans le cadre du projet RESCOM !